Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,
niemand bespricht unseren Staub.
Niemand.
Gelobt seist du, Niemand.
Dir zulieb wollen
wir blühn.
Dir entgegen.
Ein Nichts
waren wir, sind wir, werden
wir bleiben, blühend:
die Nichts-, die Niemandsrose.
Mit
dem Griffel seelenhell,
dem Staubfaden himmelswüst,
der Krone rot
vom Purpurwort, das wir sangen
über, o über
dem Dorn.
No one kneads us again out of earth and clay,
no one incants our dust. No one.
Blessèd art thou, No One.
In thy sight would
we bloom.
In thy
spite.
A Nothing
we were, are now, and ever
shall be, blooming:
the Nothing-, the
No-One's-Rose.
With
our pistil soul-bright,
our stamen heaven-waste,
our corona red
from the purpleword we sang
over, O over
the thorn.
Translation © 2001 by John Felstiner.
Personne ne nous pétrira de nouveau dans la terre et l'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
personne.
Loué sois-tu, Personne.
C'est pour toi que nous voulons
fleurir
A ta
rencontre.
Un rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant:
la rose de Rien, la
rose de Personne
Avec
la clarté d'âme du pistil
l'âpreté céleste de l'étamine,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.
Paul Celan, in Anthologie bilingue de la poésie allemande, Bibliothèque de la Pléiade 1993, page 1188.